Le bois pour potager en carré : sapin

Retour d’expérience sur un potager en carré réalisé avec des planches de coffrage en sapin brut :

Après seulement 1 an, tout est pourri !

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Planche de coffrage sapin, face interne. Quelques cm de terre ont été dégagés. A gauche, on aperçoit un trou, suite à un coup de bêche malencontreux !

 

Carré potager n’ayant pas résisté 1 an
Planche de coffrage sapin, face externe

Alors quel bois utiliser pour réaliser un carré potager ? Ça se confirme, le robinier (faux acacia) est plus résistant. Ceux que j’ai installés il y a plus de 2 ans n’ont pas bougé :

Carré potager en robinier
Carré potager en robinier

On les trouve chez Nature et Découvertes, mais ils ne sont pas très grands (60 cm) et un peu onéreux (30 €). Mais si c’est la clé de la durabilité… rendez-vous dans quelques années.

Voir aussi les autres bois possibles pour retenir la terre des potagers en carré, notamment le châtaignier, qu’on peut trouver un peu plus facilement en planches.

Les classes de bois pour l’extérieur

La classe du bois caractérise sa résistance aux agressions extérieures, et permet de savoir si on peut l’utiliser au jardin (terrasse, escaliers, pergola…)

Classe 3

Bois pouvant être exposé aux intempéries, mais pas au contact direct du sol. Convient donc aux platelages de terrasse montés sur lambourdes, aux bardages verticaux…

Classe 4

Bois au contact quasi permanent avec l’eau ou la terre. Convient aux poteaux, piquets, marches d’escalier, caillebotis à même le sol…

Des bois locaux sont naturellement de classe 3 ou 4, d’autres peuvent être traités naturellement pour l’atteindre.

Le bois exotique pour le jardin

L’engouement pour les aménagements de jardin en bois exotique (terrasses, mobilier), est du au fait que ce bois est naturellement résistant aux agressions extérieures. Et il faut reconnaitre que neuf, il est beau.
Cependant, l’utilisation du bois exotique pose deux cas de conscience en terme d’écologie :

Si le bois n’est pas issu d’une forêt gérée de façon durable, cela participe à la déforestation des forêts primaires. Le minimum est de privilégier les bois labellisés FSC, pour le bois exotique. Ce label garantit un respect de l’environnement naturel et humain où est exploité le bois.
Il existe également le label PEFC, plutôt utilisé pour les bois européens. Mais il est toutefois très controversé, car jugé laxiste.

La seconde question soulevée par l’utilisation du bois exotique, même s’il est labellisé, est le transport. A quoi bon faire parcourir au matériau des milliers de kilomètres en bateau, ce qui représente un impact écologique notable, alors qu’on peut trouver du bois plus ou moins local présentant des qualités et un prix similaires ?

Le bois de pin autoclavé pour le jardin

Beaucoup de produits en bois pour l’extérieur sont proposés en pin : caillebotis, lames de terrasse, pergolas… à un prix défiant toute concurrence. La raison est que le pin est un bois facile à produire, mais il présente l’inconvénient d’être peu résistant à l’extérieur. Il est donc systématiquement traité par autoclave, opération consistant à imprégner le bois à coeur de produits chimiques.

Il y a encore peu de temps, les produits utilisés étaient : le cuivre (donnant une teinte verdâtre), le chrome (cancérigène) et l’arsenic ! Une évolution de ce traitement (CCA), à remplacé l’arsenic par du bore (CCB). Ces produits seraient maintenant interdits, mais il n’est pas exclus de rencontrer des stocks douteux dans certaines grandes surfaces. Quand aux produits actuellement autorisés pour le traitement autoclave du pin, à base notamment de pyrèthrinoïdes, leur innocuité n’est pas démontrée.

Tout cela devenant bien compliqué, personnellement, j’ai fait une croix sur l’utilisation du pin au jardin. Je préfère utiliser des bois naturellement résistants, ou traités naturellement.

Le traitement naturel du bois pour l’extérieur et le jardin

De nouveaux traitements sont apparus pour protéger le bois à l’extérieur, et pour l’utiliser notamment au jardin. Contrairement au traitement du pin en autoclave, ils sont sans danger pour la santé, car utilisant simplement la chaleur ou des huiles végétales.

Bois rétifié (ou thermotraité, ou modifié thermiquement)

Le bois est chauffé à haute température, afin de résister aux agressions extérieures. Sa résistance mécanique est cependant légèrement diminuée. C’est pourquoi il faut le réserver aux bardages, et l’éviter pour les structures comme les pergolas, escaliers. Pour les lames de terrasses ou marches d’escalier, il faut nettement augmenter l’épaisseur pour obtenir une résistance suffisante.

Bois thermo-huilé (ou traité par oléothermie)

Le bois est chauffé à une température inférieure à celle du bois rétifié, et imprégné d’huiles végétales. Cela lui confère une résistance aux agressions extérieures, au grisaillement, et le bois garde sa qualité mécanique intacte.

Entretien

Les bois comme le chêne ou le châtaignier n’ayant reçu aucun traitement gagnent à recevoir une couche l’un mélange d’huile de lin additionnée d’essence de térébenthine.

Voir aussi les bois d’origine française ou européenne naturellement résistants.

Le bois européen non-traité, naturellement imputrescible

Beaucoup plus proches de nos jardins que le bois exotique, et sans produits chimiques comme le pin autoclavé, il existe en Europe et même en France, du bois naturellement imputrescible et résistant aux agressions à l’extérieur.

La classe de ces bois varie de 3 à 4.

Robinier (Faux acacia)

Très résistant. Naturellement de classe 4.
Convient pour la mise oeuvre horizontale, comme les lames de terrasse.
Peut être en contact direct avec le sol, pour faire par exemple des pieux, piquets, poteaux.
Aussi résistant que le teck (un bois tropical), et moins cher.

Châtaignier

Naturellement de classe 3.
Convient pour la mise en oeuvre horizontale.
Eviter le contact direct avec le sol, sauf pour faire des poteaux ou piquets dont on aura passé au feu toute la partie enterrée.

Le châtaignier sans aubier peut durer :
– plus de 25 ans en utilisation classe 3
– plus de 10 ans en utilisation classe 4
(source : CTBA, via Lafon Bois Clôtures)

Le châtaignier purgé d’aubier est sans traitement de préservation- de classe de risque 3 pour des durées de service de plus de 25 ans ;- de classe de risque 4 pour des durées moyennes de service de plus de 10 ans.  (Publication du CTBA «L’essentiel sur le bois», dépôt légal 1er trimestre 2001)

Chêne

Très résistant.
Convient pour la mise en oeuvre horizontale.
Eviter le contact direct avec le sol. Même si le chêne peut durer en étant complètement immergé, le contact à l’air libre avec la terre entrainera un pourrissement.

Mélèze

Convient pour la mise oeuvre horizontale, ainsi qu’à la réalisation d’abris de jardin.

Douglas

Naturellement de classe 3.

L’aubier du douglas est un peu plus résistant que celui d’espèces comparables. L’aubier est donc admis pour les mises en oeuvre verticales comme les bardages, et toléré pour les planchers n’étant pas au contact direct du sol.
Si le bois est en contact avec la terre, il faut très peu d’aubier.

Un complément de protection peut être apporté à certains bois, grâce à un traitement thermique ou à base de produits naturels.

B.R.F. Bois Raméal Fragmenté

Le BRF est l’acronyme de « Bois Raméal Fragmenté ». Ce sont des copeaux de bois fraichement broyés, produit avec des rameaux d’arbustes, ou des tailles de haie, que l’on a passés au broyeur à branches.

Les copeaux pourront être étendus dans les massifs d’ornement, pour constituer un mulch, et se dégrader lentement. Une étude récente (2011) à montré que le BRF était le meilleur paillage pour assurer une croissance maximale aux arbres.

Sa décomposition active l’activité biologique du sol, et contribue à la formation d’humus.

Toutefois, il est peu riche en azote, et peut créer la première année une « faim en azote » dans le sol. Il faut donc le laisser se décomposer lentement en surface, de préférence en automne, et attendre le printemps pour l’enfouir superficiellement.
Un pré-compostage en tas du BRF, pendant quelques mois, permet aussi de réduire cette fin d’azote.

Enfin, pour les cultures gourmandes en azote comme certains légumes (choux, tomates…) on peut complémenter avant la culture par une fertilisation plus riche en azote, comme du guano, purin d’ortie ou de consoude…
Inversement, les légumes qui enrichissent le sol en azote, comme les pois, ou les engrais verts choisis parmi les légumineuses, peuvent être idéalement cultivés après un enfouissement de BRF.